Pendant huit ans, j’ai vécu en Norvège. Huit années de lumière froide, de silences profonds, de paysages qui semblaient surgir d’un autre monde.
Ce pays m’a adopté un temps — et moi, je l’ai regardé comme si je le découvrais pour la première fois.
La Norvège est un territoire cinématographique, brut et pur, à mille lieues de ce que je connaissais auparavant. J’y étais vierge visuellement. Chaque jour, mes yeux redessinaient le monde : les lignes d’une architecture, les nuances d’un ciel changeant, les détails silencieux d’un quotidien inconnu. Tout m’émerveillait, comme un enfant.
Alors je marchais. Longtemps. À Oslo, à Tønsberg, et ailleurs.
Je partais seul, à la recherche d’instants à capter. Ce n’était pas une quête, mais une dérive attentive. La photographie comme une façon d’habiter un territoire, lentement.
Cette série est née de cette immersion. Elle traverse les saisons, les villes, les fjords, les étendues vides.
Elle raconte aussi une solitude douce, un regard posé sur un pays dont la beauté m’a saisi.